“Il existe un pacte multiséculaire entre la France et l’Arménie, sans doute parce qu’il s’agit là de deux nations qui dérangent le grand désordre du monde et qui refusent de sortir de l’Histoire. Dès le XIe siècle, cette alliance est scellée entre les premiers Capétiens et les descendants des Bagratides, qui régnèrent sur le royaume arménien de Cilicie.
Ce qui tisse des liens si étroits entre l’Arménie et la France, c’est assurément cet esprit de résistance. C’est parce que nous avons en commun cet esprit de résistance que, de tout temps, les Arméniens venus de Syrie, du Liban, de Turquie, d’Iran ou de Russie ont tout de suite habité le cours le plus intérieur de ce qui constitue la France, au point que l’on peut écrire désormais que, sans leur présence, notre pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.
Mais outre cette intégration exemplaire, il y a deux raisons supplémentaires de nous intéresser à ces compatriotes. La première est, bien sûr, le centenaire du génocide arménien. La deuxième s’est invitée plus récemment, même s’il s’agit, là encore, d’un martyr très ancien. Ceux qui ont eu la curiosité de pousser les portes de l’église de la rue Jean-Goujon, à Paris, saisis par la beauté des chants liturgiques, enivrés par les volutes d’encens, savent que les Arméniens sont des chrétiens orientaux. Ces mêmes chrétiens, cibles privilégiées des islamistes. Avec eux, grâce à eux, résonne dans nos coeurs la grande épreuve de l’Orient chrétien.”
“Hors-série Marianne – 100 pages – Avril 2015