Des liasses de lettres et de documents inédits datant du XVIIIe siècle viennent d’être découvertes à Madras, comme au début d’un jeu. Sont-elles authentiques ?
Il y est décrit avec malice, dans un texte à clé, les us et coutumes des marchands des comptoirs, au contact d’une mosaïque de peuples et de religions. Certains détails croustillants ne manqueront pas de consterner le lecteur comme l’évocation des heurtoirs mâles et femelles aux portes d’entrée des maisons, l’interdiction faite aux Arméniens de sortir de leur quartier d’Ispahan par jour de pluie ou encore « la circoncision des tombes » des chrétiens… L’échange de lettres prend par moment le caractère d’une intrigue policière quand il s’agit par exemple de déterminer l’origine ethnico-religieuse du cadavre d’un jeune homme dont la dépouille est revendiquée par un aréopage de communautés.
C’est toutefois au riche marchand Chamir que revient le rôle central de cette comédie humaine exotique. Perspicace, sage, audacieux et doté d’une solide fortune, il n’a de cesse de déjouer les pièges et obstacles de toutes sortes, et de faire avancer ses idées d’avant-garde. Celui que l’on pourrait apparenter à Voltaire n’a produit rien moins que l’une des toutes premières constitutions au monde d’une république démocratique, curieusement intitulée Le Piège de l’orgueil, en duo avec son fils. Il l’a destiné à un pays rêvé, l’Arménie. Un paradoxe ? Plutôt une évidence au terme de cette correspondance.
Saténig Batwagan-Toufanian, professeur de philosophie et titulaire d’un doctorat d’histoire à l’EHESS a publié, Le Piège de l’orgueil, un projet républicain en Orient au XVIIIe siècle (2018, Presses de l’INALCO).
- Editeur : Editions Thaddée
- Auteur : Saténig BATWAGAN-TOUFANIAN
- Format : 15 x 21 ccm
- Nombre de pages : 144