L’intrigue. Saignée par la Seconde guerre mondiale, enhardie par sa victoire militaire, l’URSS de Staline lance un appel aux Arméniens du monde entier en 1946, les invitant à s’installer dans leur mère patrie. Une centaine de milliers de candidats, pour la plupart gagnés aux idéaux socialistes, embarquent pour la petite République soviétique exsangue. La désillusion est à la hauteur des illusions. Les immigrés de l’Ouest n’auront de cesse ne chercher par tous les moyens à rentrer chez eux. Ils y parviendront presque tous des décennies plus tard.
Pour Albert Andonian, titi lyonnais, malin comme un singe, chanceux comme personne, séducteur né, comique par nature, la tragédie se transforme en comédie. Avec lui, on rit presque de tout, aux larmes. Le style, celui d’un conteur, d’un Pagnol, tient le lecteur en haleine, dans une série d’histoires courtes, toutes plus hilarantes les unes que les autres : son mariage extravagant, les facéties de son vieux père, ses débuts de professeur de français à poigne, ses victoires cyclistes, ses combines aux examens, les fêtes entre Français, ses prouesses professionnelles, son second mariage avec une top modèle russe, son installation à Moscou…
De modeste professeur de français dans une école rurale du fin fond de l’Arménie, Albert Andonian est devenu par chance, talent, culot, et débrouillardise, traducteur de l’Agence de presse Novesti, puis du groupe parlementaire de l’URSS, enfin des plus hauts personnages de la nomenkaltura, dont Brejnev et Tchernenko. Rien ne le prédestinait à trouver son destin de l’autre côté du Mur. Albert Andonian est en effet né le 12 octobre 1926 au Pouzin, en Ardèche, d’une famille de réfugiés arméniens.
L’auteur. Le jeune Albert a un caractère bien trempé. Pendant la guerre, ils se distingue dans la Résistance. Dans la communauté arménienne de Lyon, il tient la vedette pour son humour et ses talents de comédien. En septembre 1947, à l’âge de 21 ans, il suit ses parents qui émigrent en Arménie soviétique, à l’appel de Staline qui exploite la fibre patriotique arménienne. À peine arrivé, Albert Andonian cherche à s’enfuir mais il finit, non sans peine, par trouver sa place dans la société soviétique. Contrairement à la plupart des autres immigrés de 1947, il n’est pas rentré en France.
Il s’est établi à Moscou. Il y est décédé en juin 2013.
Qu’on se le dise ! L’écrivain et scénariste Jean-Pierre Chabrol s’est enthousiasmé pour le manuscrit d’Albert Andonian. “J’ai dégusté l’Akhpar. Je suis persuadé qu’avec peu de retouches, des précisions de détails, quelques coups de gomme aussi, on tiendrait une sorte de Pagnol arménien.”
Notre travail d’éditeur a justement consisté a apporté ces quelques retouches pour donner à ce texte sa quintessence. C’est grâce à la référence de Jean-Pierre Chabrol que nous avons trouvé le titre définitif du livre nommé à l’origine «histoire d’un Akhpar». Akhpar signifie en effet frère selon un jeu de mots en arménien, et c’est ainsi que les natifs d’Arménie appelaient avec ironie les immigrés venus de l’Ouest. La portée de ce livre dépasse son cadre d’origine. C’est une ode universelle à la liberté inspirée de l’esprit frondeur du citoyen français porteur des valeurs universelles des droits de l’homme que les Soviets n’ont pu réduire au silence malgré un arsenal de moyens, dont la déportation en Sibérie.
- Editeur : Editions Thaddée
- Auteur : Albert ANDONIAN
- Dimensions : 15 X 21 cm
- Nombres de pages : 230