Durant les premiers siècles qui suivent la naissance de Jésus, tous les chrétiens fêtent la Nativité le 6 janvier. Cette date est alors connue sous le nom de Révélation. On célèbre en fait plusieurs moments de la vie de Jésus : sa naissance à Bethléem, son baptême dans les eaux du Jourdain et les noces de Cana où il accomplit son premier miracle en transformant l’eau en vin. Les pèlerins doivent se rendre le même jour à Bethléem, puis sur les rives du Jourdain, à pied ou à dos d’âne, en plein hiver.
Lorsque l’Eglise romaine décide de fêter la Nativité le 25 décembre, c’est pour faire disparaître certains rites païens qui étaient célébrés ce jour-là (la naissance du Dieu solaire Mithra, ou encore les saturnales, période de grandes réjouissances). De plus, Rome effectua un changement dans son calendrier et avança la date du solstice au 25 décembre. L’Eglise de Rome s’adapta à ce nouveau calendrier et remplaça la fête païenne par celle de la Nativité. C’est ainsi qu’en 338, le pape Jules transfère la date de la fête de la Nativité au 25 décembre. Puis, au concile de Chalcédoine réuni en 451, c’est la date de la naissance du Christ elle-même qui est définitivement fixée au 25 décembre par l’Eglise de Rome.
D’après l’Evangile de Saint-Luc raconte que Jésus venait tout juste d’avoir 30 ans quand il se fit baptiser par Jean-Baptiste.
C’est à partir de ce constat que l’Eglise arménienne instituera en 552 « l’obligation stricte et inamovible de célébrer les fêtes de Noël et de l’Epiphanie, avec celle du baptême du Christ », même si ces événements se sont produits le même jour à 30 ans d’écart.
Fêter conjointement la naissance et le baptême de Jésus, c’est aussi être en accord avec les choix théologiques de l’Eglise arménienne qui considère que la nature divine du Christ englobe sa nature humaine. Il n’est dès lors pas nécessaire de donner une importance si grande à la dimension humaine du Christ, en fêtant séparément sa naissance de son baptême.
Voilà pourquoi à l’issue de la messe de Noël le 6 janvier, on dit « Christos dzenav yev haydnétsav » (le Christ est né et s’est révélé) : on annonce en même temps la naissance et le baptême pendant lequel l’Esprit Saint descend sur Jésus sous la forme d’une colombe.
Alors il faut répondre « Tsézi mézi mèndz avédis » (Quelle bonne nouvelle pour vous et pour nous).
La langue arménienne emploi également le terme « Petite Pâque » (Bezdig Zadig) pour désigner Noël.
>> La célébration de Noël
Le 5 janvier, la Congrégation de Saint-Jacques (1) et la patriarche arménien de rendent, accompagnés de pèlerins, à Bethléem. La cérémonie débute dans l’après-midi et c’est seulement à minuit que le patriarche, suivi des fidèles, descend dans la grotte de l’église de la Nativité, site traditionnel de la grotte où naquit Jésus. Il y adresse un message diffusé par la radio et la télévision.
Dans les églises apostoliques arméniennes de par le monde, la vigile nocturne de la théophanie, est la célébration la plus importante, qui a lieu le 5 janvier, à partir de 16 heures.
Puis, se succèdent des lectures bibliques :
– Récits de la Nativité : psaumes ; trois textes annonçant la Création : trois textes annonçant la Libération d’Israël du joug des Egyptiens et de la fournaise ardente. Ces trois textes sont également ceux de la Vigile pascale.
La journée se termine à 17 heures par la célébration eucharistique.
Enfin le 6 janvier, a lieu la Divine liturgie, suivie de la bénédiction de l’eau, en mémoire du baptême du Christ.
>> La tradition arménienne des Rois Mages
L’histoire des Rois mages, Melchior, Balthazar et Gaspard, demeure très mystérieuse.
Ils n’étaient certainement pas des rois. Ils ne le sont devenus qu’au 5ème siècle dans un apocryphe (2), « le livre Arménien de l’Enfance ». Dans la miniature arménienne d’un évangile de 1038, ils sont représentés pour la première fois coiffés de couronnes et de diadèmes.
On en comptait au début 2, 4 ou 6 mais le nombre 3 a été établi et n’a pas changé dans la littérature et les monuments après le 4ème siècle.
On peut voir en eux des Perses, des prêtres de la religion de Zoroastre ou bien des astronomes chaldéens. En 614, les Perses furent frappés par la représentation, au fronton de la Basilique de la Nativité, des Mages dont le costume mithriaque leur rappelait celui de leurs ancêtres.
C’est ainsi qu’ils épargnèrent le monument…
(1) Du nom du premier évêque de Jérusalem appelé aussi « Frère du Seigneur », patron des Arméniens et protecteur du monastère et du quartier arménien.
(2) Apocryphe : écrit dont l’authenticité n’a pas été suffisamment établie.